[Orthographe]

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Construire une typologie des erreurs
Marylène Constant.

 

De la faute à l’erreur…

 

La faute d’orthographe est sûrement aussi vieille que l’écriture elle-même…

Deux réactions possibles

  • Soit on sanctionne et l’erreur devient faute, avec tout le poids de la morale associé à ce mot. « Mais enfin, cela crève les yeux », « Mais enfin, cela tu ne pouvais pas ne pas le savoir ». Ce qui est étrange, c’est que nous les professeurs rêvons d’élèves que nous n’aurions pas à corriger. Que nous en rêvions, pourquoi pas ? Que nous le souhaitions, c’est différent…

Rappelons aussi ce que disaient Bourdieu et Passeron (La reproduction) : « Lorsque les professeurs plaisantent à propos des perles, ils oublient que ces ratés du système en enferment la vérité »

  • Soit donc l’on s’en sert et on fait droit à l’erreur qui se met alors au service des apprentissages. Les erreurs de nos élèves peuvent nous intéresser. Il s’agit alors de trouver des dispositifs pratiques susceptibles d’assurer ce droit, cette conscience que ‘on est en train d’apprendre. Faire en sorte que l’erreur soit considérée comme normale. Bachelard disait qu’ « on ne peut se former qu’en se réformant »[1]

 

Créer un observatoire de l’orthographe dans la classe : pourquoi ?

 

Commençons par une devinette ! 

Quelle différence faites-vous entre un typograpie, un typologue et zérologue ? :

«Le typographe juge les résultats et non les causes, le typologue les causes et non les résultats et le zérologue ne juge rien du tout, il installe un compteur et met des zéros » Nina Catach, les délires de l’orthographe. (voir annexe 1)

 

L’intérêt de l’usage des typologies est de plusieurs ordres :

  • Les opérations de trie/classement des erreurs réalisées dans une classe permet de structurer la variation et donc de structurer le système orthographique ; l’ensemble des erreurs  possibles se révélant le reflet en négatif de la norme.
  • Un ensemble d’erreurs est un corpus qui renseigne sur les compétences réelles des élèves ; c’est ainsi que se crée un « observatoire » de l’orthographe dans la classe.
  • L’élaboration de classification des erreurs permet de mener un traitement statistique et qualitatif par élève et par classe ponctuellement (sur un secteur donné par exemple) ou sur une période donnée dans différentes situations d’écrits et différents types de textes.

L’efficacité dépend de l’utilisation systématique et progressive.

 

  • Une typologie des erreurs est la clé de voute d’un système d’évaluation formative qui se veut à la fois un outil ou un référent (la construction de l’outil peut être circonscrite dans le temps ; si on affine en fonction d’un secteur particulier, cet outil devient un référent).
  • La création et l’utilisation d’ une typologie se doivent aussi de de chercher à faire formuler les raisons de l’erreur et d’intégrer le questionnement à une démarche heuristique. Le dialogue avec les autres (élèves, enseignants…) sur le « soi », le « comment » et le « pourquoi » de ce que l’on fait, doit être progressivement intériorisé et doit réaliser cette altérité avec soi-même, condition d’une conscience plus réfléchie des faits et d’une plus grande maîtrise des processus.

 

Créer un observatoire de l’orthographe dans la classe : comment ?

Les typologies d’erreurs n’encombrent certes pas le marché pédagogique mais on peut en trouver dans quelques ouvrages. Rares sont celles qui font une place à l’élève comme « sujet » ; elles sont souvent plus descriptives et sont centrées sur l’objet « orthographe ».

 

Quelles modalités de construction ? (au choix)

a)      relevé cumulatif : langage imposé (dictées) et langage suggéré (production d’écrits au sens large)

b)      relevé ponctuel : langage imposé

Il s’agit d’entraîner les élèves de façon progressive avec des consignes modulées ou des grilles évolutives à observer, à classer des erreurs soit signalées par l’enseignant, soit cherchées par les élèves eux-mêmes dans une espèce de safari orthographique. On peut utiliser divers supports : les coquilles dans la presse, les dictées pour sourd et malentendants proposées dans les annales de brevet des collège,  les écrits des élèves (dictées, rédactions, interrogations diverses et de diverses disciplines) de la classe ou d’années antérieures récupérées.

 

Quelques pistes de recherche possible à des niveaux de compétence différents.

  • Repérage des erreurs  par une simple mise en correspondance des formes graphiques avec les formes orales correspondantes (mots, syllabes, phonogrammes) pour vérifier leur adéquation ou non, ou de façon encore plus élémentaire, la présence ou l'absence d'un segment écrit pour la transcription d'un segment oral ;
  • Classement des erreurs selon que l’on a oublié (omission), ajouté (ajout), inversé des signes pour transcrire le segment écrit ;
  • Observation et classement des erreurs selon l’identification des classes grammaticales : relever, compter les erreurs sur les noms, les adjectifs, les verbes, etc.
  • Repérage des chaînes d’accord dans le groupe nominal et dans la relation sujet – verbe avec mise en évidence par fléchage ou codage des marques afin de mettre en évidence les liens de solidarité entre les termes d’une phrase afin de mettre en évidence que l’accord vient complexifier la constante lexicale du mot par exemple ;
  • On peut également demander en début d'apprentissage de localiser leurs erreurs (au début, à la fin, au milieu de la copie ou l'écriture du mot que l’on comparera avec les modèles normés ;
  • un travail sur les chaines d'accord dans le groupe nominal et dans la relation sujet-verbe, au moyen d'un fléchage ou d'on codage des marques du genre ou de nombre, mettra en évidence les rapports formels de solidarité entre les termes de la phrase.

 

 

Etapes pour un relevé ponctuel (adaptable pour un relevé cumulatif)

 

Etape 1 : élaboration de la typologie

1)      dictée d’un texte court de préférence (voir « donner du jeu à la dictée »

2)      écriture du texte truffé d’erreurs relevées dans les copies des élèves (au tableau/sur transparent)

             → dès cette étape, on peut évidemment choisir de travailler sur une copie  d’élève en langage suggéré

3)      Mise en place de la typologie (caractérisation verbale des types d’erreurs : erreur précise/caractérisation précise

Variante : travail de groupe dont la tâche est également de produire un classement avec mise en commun des trouvailles

 

Nota bene : on peut localiser l’erreur (les erreurs) de manière large ou pas,  dans le mot, la phrase, la ligne, le paragraphe, le texte.

4)      Mise au net de l’outil commun à la classe

Le produit obtenu est une liste d’erreurs prototypique

 

Etape 2 : appropriation et réinvestissement de la typologie

1)      Phrase, textes truffés de variantes orthographiques en faisant jouer 2 paramètres (lieu de l’erreur et nature de l’erreur)

 Exemples d’exercices et de consignes

             → donner le lieu, trouver le type dans la liste

             → trouver le lieu sachant le type

 

Etape 3 : affiner la typologie dans un secteur particulier

 (en fonction des erreurs les plus fréquemment commises par la classe dans le cadre d’activités spécifiques)

 


Quelques exemples pour l’étape 2

Exemple 1

 

Codage

 

Type d’erreurs

Sous catégories

Exemple

M

Majuscule

M J’ai oublié la majuscule

 

*mon (père)

J’ai ajouté une majuscule alors qu’il n’en fallait pas

 

 

P

Ponctuation

J’oublie la ponctuation

 

 

J’emploie mal la ponctuation

 

 

S

Segmentation des mots

Je coupe mal les mots

* sétageaient

H

Homophone

J’ai écrit un autre mot qui se prononce de la même façon

 

* sou (le cerisier)

Je confonds a/à ; ou/où ; et/est ; etc.

 

*ses (grosses cerises)

*mais (grands frères)

I

Orthographe inventée

J’ai inventé une orthographe et la prononciation est changée

 

*(ils)ceuillaient

J’ai inventé une orthographe et la prononciation n’est pas changée

 

*lice

* soussieux

* tandre

A

Accord

Je n’ai pas marqué l’accord sur les mots du groupe nominal

 

(cerises)*blanches

(cerises) * mûrs

Je n’ai pas marqué l’accord entre le sujet et le verbe

 

(cerises qui)*reste

(mes grands frères et mon père)*chantait

Je n’ai pas bien établi la relation entre le participe passé et ce qui commande l’accord

 

 

Je n’ai pas repris l’accord d’une phrase à l’autre

*il me bombardait

C

Conjugaison

J’ai  confondu la terminaison :  le temps, le mode, le groupe

 

*assi

*(je) trônai

J’ai  confondu la terminaison : la  personne

 

(je)*m’appelait

Je confonds l’infinitif, l’imparfait et le participe passé

 

(sans me)*lever


 

Les mots soulignés contiennent une erreur, classe les dans le tableau

 

J'étais, ce jour-là, sou le cerisier… mon père et mes grands frères sétageaient au-dessus de ma

 

tête, assi sur des branches, ils ceuillaient ses grosses cerises qui reste encore presque blanche

 

même quand elles sont tout à fait mûrs, avec  une peau lice qui craque sous la dent; ils les jetaient

 

sur un vieux drap de lit au milieu duquel j'étais assise. Je trônai. Je ne sais pas exactement quel âge

 

j'avais alors, mais je me disais vraiment que j'étais la plus heureuse des fillettes du monde je

 

m'appelait en moi-même "Petite Princesse"… Là-haut mais grands frères et mon père riaient et

 

chantait en travaillent. Il me bombardait avec les cerises pour me taquiner, soussieux de ne pas

 

me faire pleurer car ils m'adoraient. Et moi, sans me levé, je n'avais qu'à tandre la main droite ou

 

gauche pour amener à ma bouche les plus beaux fruits. J'étais heureuse.

 

D'après J.P Chabrol

 

 

 

 

J'étais, ce jour-là, sou le cerisier… mon père et mes grands frères sétageaient au-dessus de ma

                                  H                               M                                                    S

 

tête, assi sur des branches, ils ceuillaient ses grosses cerises qui reste encore presque blanche

           C                                            I                                                      A                         A

 

même quand elles sont tout à fait mûrs, avec  une peau lice qui craque sous la dent; ils les jetaient

                                               A                            I

 

sur un vieux drap de lit au milieu duquel j'étais assise. Je trônai. Je ne sais pas exactement quel âge

                                                                                  C

 

j'avais alors, mais je me disais vraiment que j'étais la plus heureuse des fillettes du monde je

 

 

m'appelait en moi-même "Petite Princesse"… Là-haut mais grands frères et mon père riaient et

       C                                                                   H

 

chantait en travaillent. Il me bombardait avec les cerises pour me taquiner, soussieux de ne pas

       A              C         A         A                                                           I

 

me faire pleurer car ils m'adoraient. Et moi, sans me levé, je n'avais qu'à tandre la main droite ou

                                                                        C                          I

 

gauche pour amener à ma bouche les plus beaux fruits. J'étais heureuse.

 

D'après J.P Chabrol

 


 

Codage

 

Type d’erreurs

Sous catégories

Exemple

M

Majuscule

M J’ai oublié la majuscule

 

 

J’ai ajouté une majuscule alors qu’il n’en fallait pas

 

 

P

Ponctuation

J’oublie la ponctuation

 

 

J’emploie mal la ponctuation

 

 

S

Segmentation des mots

Je coupe mal les mots

 

H

Homophone

J’ai écrit un autre mot qui se prononce de la même façon

 

 

Je confonds a/à ; ou/où ; et/est ; etc.

 

 

I

Orthographe inventée

J’ai inventé une orthographe et la prononciation est changée

 

 

J’ai inventé une orthographe et la prononciation n’est pas changée

 

 

A

Accord

Je n’ai pas marqué l’accord sur les mots du groupe nominal

 

 

Je n’ai pas marqué l’accord entre le sujet et le verbe

 

 

Je n’ai pas bien établi la relation entre le participe passé et ce qui commande l’accord

 

 

Je n’ai pas repris l’accord d’une phrase à l’autre ou d’un segment à l’autre

 

C

Conjugaison

J’ai  confondu la terminaison :  le temps, le mode, le groupe

 

 

J’ai  confondu la terminaison : la  personne

 

 

Je confonds l’infinitif, l’imparfait et le participe passé

 

 


Exemple 2

 

Trouver le lieu de l’erreur en en connaissant le type

Je trouve les erreurs du texte en m’aidant du tableau. Attention, il peut y avoir plusieurs erreurs du même type ou pas… dans la même phrase. On peut aussi semer le doute en ne mettant pas d’erreur.

 

Codage

 

Type d’erreurs

Sous catégories

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

M

Majuscule

M J’ai oublié la majuscule

 

 

 

x

x

 

 

 

 

 

 

J’ai ajouté une majuscule alors qu’il n’en fallait pas

 

 

 

 

x

 

 

 

 

 

 

P

Ponctuation

J’oublie la ponctuation

 

 

 

 

 

 

 

x

 

 

 

J’emploie mal la ponctuation

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

S

Segmentation des mots

Je coupe mal les mots

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

H

Homophone

J’ai écrit un autre mot qui se prononce de la même façon

 

 

 

 

 

 

 

x

 

 

 

Je confonds a/à ; ou/où ; et/est ; etc.

x

 

 

x

x

 

 

 

 

 

I

Orthographe inventée

J’ai inventé une orthographe et la prononciation est changée

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai inventé une orthographe et la prononciation n’est pas changée

 

x

 

 

 

x

x

 

 

 

 

A

Accord

Je n’ai pas marqué l’accord sur les mots du groupe nominal (ajout ou omission)

 

 

x

 

 

 

 

 

x

 

 

Je n’ai pas marqué l’accord entre le sujet et le verbe (ajout ou omission)

 

 

x

 

 

 

 

 

 

x

 

Je n’ai pas bien établi la relation entre le participe passé et ce qui commande l’accord

 

 

 

x

 

 

 

 

 

 

 

Je n’ai pas repris l’accord d’une phrase à l’autre ou d’un segment à l’autre

 

 

 

 

 

 

x

 

 

 

C

Conjugaison

J’ai  confondu la terminaison :  le temps, le mode, le groupe

 

 

 

x

 

 

 

 

 

 

 

J’ai  confondu la terminaison : la  personne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

x

Je confonds l’infinitif, l’imparfait et le participe passé

 

 

 

 

 

 

 

 

 

x

 

 

1.      Le loup et un canidé comme le chien et le renard. C’est un mamifère carnivore

2.      Selon les région, la taille et la couleur du pelage des loups est différentes.

3.      Fendant plusieurs siècles, les loups ont été chassé des forêts d’Europe. Aujourd’hui, ils ont disparut de France

4.      Il vivent en liberté dans le Nord de l’europe, de l’Amérique où en Asie

5.      Le loup et un chasseur. Il délimite son territoire de chasse. Plus le gibier est rare et plus son teritoire est grant.

6.      Pour les proies faciles à attraper, le loup chasse seul ou en meute dès lors que les proies sont plus combattives.

7.      Les loups sont capables d’émettre plusieurs sons de voies chacun. Ainsi il font croire qu’ils sont nombreux

8.      Les loups aiment la vie de familles

9.      On a déjà vu deux loups se saluaient, une louve rabrouer ses petits, un aîné taquinait ses frères. Parfois, la meute chantent et dansent avant la chasse ou au moment de partager une proie.

10.  De tous temps, le loup a fasciné les hommes mais ils le craignes

Exemple 3


Evaluer les capacités de tri

 

 

 

Phrases n°

 

1

2

3

4

5

Codage

 

Type d’erreurs

Sous catégories

 

 

 

 

 

M

Majuscule

M J’ai oublié la majuscule

 

 

 

 

 

 

J’ai ajouté une majuscule alors qu’il n’en fallait pas

 

 

 

 

 

 

P

Ponctuation

J’oublie la ponctuation

 

 

 

 

 

 

J’emploie mal la ponctuation

 

 

 

 

 

 

S

Segmentation des mots

Je coupe mal les mots

 

 

 

 

 

H

Homophone

J’ai écrit un autre mot qui se prononce de la même façon

 

 

 

 

X

 

Je confonds a/à ; ou/où ; et/est ; etc.

 

 

X

 

 

 

I

Orthographe inventée

J’ai inventé une orthographe et la prononciation est changée

 

 

 

 

 

 

J’ai inventé une orthographe et la prononciation n’est pas changée

 

 

X

 

 

 

A

Accord

Je n’ai pas marqué l’accord sur les mots du groupe nominal

 

 

 

 

X

 

Je n’ai pas marqué l’accord entre le sujet et le verbe (ajout ou omission)

 

 

 

 

 

 

Je n’ai pas bien établi la relation entre le participe passé et ce qui commande l’accord

 

 

 

 

 

 

Je n’ai pas repris l’accord d’une phrase à l’autre ou d’un segment à l’autre

 

 

 

 

 

C

Conjugaison

J’ai  confondu la terminaison : le temps, le mode, le groupe

 

 

 

 

X

 

J’ai  confondu la terminaison : la  personne

 

 

 

 

 

 

J’ai confondu l’infinitif, l’imparfait et le participe passé

 

 

 

 

 

 

 

Les consignes sont autant d’exemples d’exercices à construire

Pour la phrase n°1, trouve les 2 erreurs et fais les croix dans le tableau

Pour la phrase n° 2, regarde les croix du tableau et souligne les erreurs

Pour la phrase n° 3, regarde les erreurs et fais les croix

Pour la phrase n° 4, dis si les croix sont placés au bon endroit et corrige si besoin

Pour la phrase n° 5, écris la phrase, invente 2 erreurs et fais les croix.

 

  1. Aux vacances, quand je songeais au collège, à ma vie là bas, je revoyais la vaste étendue du parc, des pelouses, les tennis mais tout étaient désert, inhabitait.
  2. Mais parents habitaient en bas de la butte Montmartre, dans un quartier populère.
  3. je marchais dans les ruelles pavés, bordaient de belles maisons.
  4. je réussit à trouver une ouverture dans la glicine par ou faufiler mon regard.
  5. Soudain je reconnus la voix de Vincent : je devinai qu’il était là derrière cette grille.

 

Exemple 4

Classement des erreurs selon l’appartenance à une classe grammaticale

 

Classes grammaticales

Déterminant

Noms

Adjectif

Verbe

Mots invariables

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Affiner le classement dans une catégorie d’erreurs

 

Un exemple : les accords en nombre

Il s’agit d’abord d’émettre une hypothèse sur les causes d’erreurs (chaîne complexe,  expansion, rupture, inversion, chaîne minimale, recatégorisation dans une autre classe de mots, confusion syntaxique/sémantique,  etc.) puis affiner la catégorie par des phrases du type, « j’ai « x » ainsi… parce que…

On opère par corpus d’erreurs

 

Annexe 1

 

Typologie des fautes

 

La typologie des fautes est avant tout, comme son nom ne l'indique pas, une classification : sont-elles, ces fautes, des lapsi linguae (erreurs de langue) ou des lapsi calami (erreurs de plume) ? Dans ce dernier cas, s'agit-il d'inadver­tances du type *carosse comme carillon, ou *tonerre comme détoner (à corriger sans phrase, en attendant une leçon d'histoire de la langue), ou du type lecon pour leçon, lange pour langue, ou encore les fraise pour les fraises, les oublis pour les oublies, il confie pour il confit, beaucoup plus intéressantes à tous égards ?

Il est nécessaire de ne pas confondre typographie, typologie et zérologie. Le correcteur typographe juge les résultats et non les causes ; le typologue, les causes et non les résultats ; le zérologue ne juge rien du tout, il installe un compteur et met des zéros.

Ce qui intéresse le typologue, ce n'est pas une technologie compliquée et imparable, pour aboutir à classer l'enfant clans une catégorie de quotient intellectuel, niais plutôt, en l'examinant et en

le connaissant mieux, de lui fournir ainsi le quotient respiratoire dont il a exactement besoin chaque jour pour son équilibre personnel. Le typologue n'est ni un entomo­logiste ni un inspecteur des impôts. Ses comptes seront pour lui autant d'indices précieux et de responsabilités devant ses élèves. Il ne sert à rien en soi d'entourer l'enfant de chiffres  d'instruments, de l'enfermer dans un laboratoire, où les résultats sont faussés d'avance. C'est en situation réelle, au jour le jour, et pas à pas, que se feront les progrès ; encore faudrait-il concevoir, ce qui n'est pas évident, surtout dans le second degré, qu'il y ait pour lui des progrès à faire, et non de lui permettre seulement de marcher à reculons, en position de défense, comme un soldat traqué sur le champ de bataille, sous les zéros qui pleuvent de toutes parts. Un des avantages d'une typologie, c'est qu'on peut au moins en discuter ensemble. On ne peut s'imaginer combien ces petites choses-là sont importantes.

N. Catach, Le Délire, de l'orthographe, Plon, 1989,pp.59-61)