[Orthographe]

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SERVIR LE SENS GRACE A L'ORTHOGRAPHE
Marylène Constant

 

L'un des principes concernant l'apprentissage de l'orthographe et énoncé dans les programmes et accompagnements pour l'enseignement du Français au collège recommande « de privilégier dans les apprentissages tous les exercices montrant que l'orthographe est constitutive du sens et d'inventer des situations où les marques orthographiques font nettement sens ». (Programmes et accompagnements, cycle central, page 125) De plus la nécessité fait souvent loi et combien de fois entendons nous les élèves dire : « de toutes façons, vous me comprenez quand même ». Certes, coopérer avec l'élève est un autre principe pédagogique mais notre tâche, dans cette situation, est aussi d'argumenter et de prouver.
Aussi, proposons-nous de mettre les élèves face à une situation où ils prendront conscience de l'intérêt de ne pas sacrifier l'orthographe au mépris du sens.
Une chanson de Maxime le Forestier « Fontenay aux roses » se prête assez aisément à l'objectif visé. En effet, aucune marque orale ne permet de déterminer le nombre grammatical, voire même le genre et ce jusqu'à sa chute.
Pour accentuer l'effet visé, j'ai procédé à une petite manipulation. J'ai amputé le texte de sa dernière phrase « C'est la première fois, que je suis amoureux de tout un pensionnat. »
Le texte est dicté ou variante possible, présenté sous la forme d'un texte à trous, l'enseignant ne dictant que les mots manquants. Cette solution me semble néanmoins moins intéressante dans la mesure où elle oriente l'élève un peu trop fortement vers les difficultés potentielles. Nous sommes, dans cette activité, bien qu'il s'agisse d'une banale dictée, non pas dans une logique d'évaluation mais d'acquisition.
Puis, après une première relecture, j'ajoute la dernière phrase en prétendant que, distraite, j'avais oublié de la dicter… On peut attendre (espérer !) les réactions des élèves ou encore poser la question suivante si aucun élève ne manifeste un embryon de désapprobation face à notre « malhonnêteté » pédagogique : « qu'est ce que cela change ? »
Le texte est révisé individuellement ou pourquoi pas sous la forme d'un atelier de négociation graphique par petits groupes de 3 ou 4 élèves qui doivent décider des modifications à apporter. On trouvera une description précise de ce protocole dans Enjeux, n° 34 « L'orthographe autrement ».L'article s'intitule « les ateliers de négociation graphique » de Aline NICOLLE, Collège de Sombemon, Christine PEKSYN, Collège Montpezat, Sens, Marie Claude TAPIN, Patrick TAPIN, Collège de Saint Florentin
Dans ce type d'atelier, on peut recommander que les élèves soient invités à justifier leurs modifications. Des phrases du type : « j'ai modifié « x » parce que…. ; j'avais écrit « y » parce que… » porteront la trace des raisonnements de l'élève dont on sait que souvent même erronés, ils obéissent à une logique toute personnelle que nous avons intérêt à connaître.
La mise en commun des solutions se terminera par une autre question de ce type : Disposions-nous de repères avant la chute pour décider de l'orthographe juste ? Ainsi les élèves prendront conscience qu'aucune variation à l'oral ne permettait de saisir le sens et d'autre part de la supériorité de l'écrit sur l'oral dans ce cas de figure…

Maxime Le Forestier, Fontenay aux Roses Paroles : Kernoa. Musique : Maxime Le Forestier 1973

Vous êtes si jolies
Quand vous passez le soir
À l'angle de ma rue,
Parfumées, si fleuries
Avec un ruban noir,
Toutes de bleu vêtues.
Quand je vous vois passer,
J'imagine parfois
Des choses insensées,
Les rendez vous secrets
Au fond d'un jardin froid,
Des serments murmurés.

 

Le soir, dans votre lit,
Je vous devine nues.
Un roman à la main,
Monsieur Audiberti
Vous parle d'inconnu.
Vous êtes déjà loin.
Vos rêves, cette nuit,
De quoi parleront ils ?
Le soleil fut si lourd.
Demain, c'est samedi.
Je guetterai fébrile
Votre sortie du cours.

 

Dimanche sera gris.
Je ne vous verrai pas,
Pas avant lundi soir.
Où serez vous parties ?
Qui vous tiendra le bras
Que vous fera t on croire ?
Je crois que je vous dois
De vous faire un aveu
Petites, écoutez moi.
[C'est la première fois
Que je suis amoureux
De tout un pensionnat.]

 

 [http://www.paroles.net ]Texte soumis aux Droits d'Auteur Réservé à un usage privé ou éducatif.

Vous êtes si …………
Quand vous passez le soir
À l'angle de ma rue,
……………, si …………..
Avec un ruban noir,
………….. de bleu ………
Quand je vous vois passer,
J'imagine parfois
Des choses insensées,
Les rendez vous secrets
Au fond d'un jardin froid,
Des serments murmurés.

 

Le soir, dans votre lit,
Je vous devine …………
Un roman à la main,
Monsieur Audiberti
Vous parle d'inconnu.
Vous êtes déjà loin.
Vos rêves, cette nuit,
De quoi parleront ils ?
Le soleil fut si lourd.
Demain, c'est samedi.
Je guetterai fébrile
Votre sortie du cours.

 

Dimanche sera gris.
Je ne vous verrai pas,
Pas avant lundi soir.
Où serez vous ………….. ?
Qui vous tiendra le bras
Que vous fera t on croire ?
Je crois que je vous dois
De vous faire un aveu
……………, écoutez moi.
[C'est la première fois
Que je suis amoureux
De tout un pensionnat.]

 

On peut prolonger la réflexion et les apprentissages par des exercices de reconnaissance dans lesquels il s'agit la plupart du temps de souligner, encadrer,flécher, relever, classer.

Le texte suivant, selon le même procédé que ci-dessus, sera amputé de sa dernière phrase. On ménera un travail de lecture en faisant émettre des hypothèses sur « l'identité » du « pronom l' ». Puis on fera relever toutes les marques de féminin (et uniquemment celles-là) se référant à ce pronom.

UN PAUVRE HONTEUX

Il l'a tirée
De sa poche percée
L'a mise sous ses yeux ,
Et l'a bien regardée
En disant : « Malheureux ! »

Il l'a soufflée
De sa bouche humectée ;
Il avait presque peur
D'une horrible pensée
Qui vint le prendre au coeur.

Il l'a mouillée
D'une larme gelée
Qui fondit par hasard ;
Sa chambre était trouée
Encor plus qu'un bazar.

 

 

Il l'a frottée,
Ne l'a pas réchauffée,
À peine il la sentait ;
Car, par le froid pincée
Elle se retirait.

Il l'a pesée
Comme on pèse une idée,
En l'appuyant sur l'air.
Puis il l'a mesurée
Avec du fil de fer.

Il l'a touchée
De sa lèv